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Energie : crise, crise ou crise ? Pas de manque d’énergie en vue.

Thèmes: Environnement, Environnement

Les phénomènes d’effet de serre et/ou de dérèglement climatique ont décuplé les sensibilités et la réactivité à la thématique environnementale.

Dans ce contexte, il n’est pas exclu que les alarmistes en aient profité pour surfer sur la vague de la raréfaction de l’énergie.
Capital a osé tenir un discours à contre courant… un point de vue original qui permet d’objectiver le débat.

En fait, la crise de l’énergie se situe sur trois niveaux :
– crise du matériau énergétique et sa production
– crise tarifaire
– crise à venir pour les pays pauvres et leurs populations

« Le monde ne manquera pas d’énergie » explique Patrick Chabert, mais la décision des politiques français d’interdire l’extraction du gaz de schiste jugée risquée pour les nappes phréatiques et leur intégrité, nous prive d’une richesse au nom du principe de précaution. « C’est une ressource très tentante, car elle donne accès à des ressources abondantes : dans le monde elles équivalent, selon l’Institut Français du Pétrole, à 20% des réserves de gaz classique ».

Et il faut prendre en compte l’émergence de la Chine, de l’Inde et du Brésil dont la croissance de consommation d’énergies fossiles est exponentielle. La Chine par exemple « pourrait représenter la moitié de la hausse à elle seule ».

« Les spécialistes alignent les réserves : 800 milliards de tonnes pour le charbon, soit 119 années de consommation, 60 années pour le gaz (sans compter les gaz de schiste) et 45 ans pour le pétrole. Il y a donc de quoi tenir sans bouleverser le « mix » énergétique actuel. En 2035, les énergies fossiles couvriront en 78% du total de la demande (87% aujourd’hui), le nucléaire 8% (contre 6%) et les renouvelables 14% (un doublement) ».

Si les réserves de pétrole sont encore solides, à 100 dollars le baril aujourd’hui « il pourrait atteindre les 200 dollars d’ici 10 ans selon les experts de Total. » Mais nuançons le propos réserve/prix. En effet « si le pétrole cher accélère la conversion des économies aux énergies alternatives, il a aussi pour effet de rendre profitable l’exploitation de gisements complexes (offshore profond, réserves arctiques, huiles non conventionnelles…) ».

L’évolution du marché du pétrole ne doit pas faire oublier le charbon, bien moins cher et beaucoup plus facile à exploiter. En effet « malgré sa sinistre réputation de pollueur, il reste indispensable même si son utilisation va devenir plus chère à mesure que les opinions publiques réclameront son nettoyage en intégrant le captage et le stockage du CO2 dégagé par sa combustion lors de la production d’électricité ».
Ceci aura évidemment un coût, variable selon que l’on adaptera des centrales anciennes ou que le système sera intégré dans la construction d’une centrale neuve naturellement.

 

Bien sûr il reste le nucléaire, qui, depuis Fukushima est diabolisé. N’oublions pas quand même que « 65 réacteurs sont en chantier dans le monde dont 25 en Chine » or il est peu vraisemblable qu’en pleine croissance économique, la Chine accepte de suspendre son programme. Ni nous d’ailleurs, puisque les entreprises occidentales ont emporté une grosse partie du marché et qu’il constitue une source de revenus non négligeable !

Il n’est pas douteux que l’émoi provoqué dans l’opinion publique par Fukushima va obliger les constructeurs de réacteurs à mettre au point des systèmes de sécurité encore renforcés.
Cela aura un coût en recherche et en développement et mise en œuvre et « ils produiront une électricité plus chère que leurs prédécesseurs, soit de 45 à 60 € le mégawattheure contre 30 à 35 € aujourd’hui ».

Si ces augmentations sont importantes et seront bien sûr supportées par le consommateur final, elles auront malgré tout des effets positifs car ce sera, toujours selon Patrick Chabert « peut-être la chance des énergies renouvelables, aujourd’hui peu compétitives. L’éolien terrestre coûte encore deux fois plus cher que l’électricité nucléaire, l’offshore cinq fois plus et le solaire dix fois plus… Leur mise en œuvre exigera des investissements massifs… de 170 milliards d’euros en 2010, il faudra passer à 240 milliards par an d’ici à 2035 (soit 6000 milliards au total) pour qu’elles atteignent les 14% de part de marché envisagés par l’AIE ».

C’est un mal, mais un mal nécessaire.

En réalité, les grands perdants dans l’histoire, qui vont subir une vraie crise, seront les pays pauvres. Par manque de moyens, leur approvisionnement, tout comme la construction d’unités de production, risquent de devenir inabordables…
A moins que l’on découvre une nouvelle source d’énergie non polluante et facile de production d’ici là ! Rêvons, mais pas trop !

(Source : Capital, dossier Energie, Patrick Chabert, juin 2011)

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