Poussées par les élus, les collectivités sont séduites par une démarche de ville intelligente, bien que freinées par le manque de moyens, indique l’étude menée par « La Gazette » avec m2oCity. Moins armées, les petites villes misent sur les capteurs communicants.

La ville intelligente aurait-elle dépassé le stade des pionniers ? Révélant qu’une collectivité sur deux a entamé une réflexion sur la smart city, une étude « La Gazette »- m2oCity, effectuée du 23 mars au 13 avril, permet de le penser. Près de la moitié des répondants ont élaboré une stratégie de ville intelligente ou comptent le faire, même si 15 % seulement ont engagé des projets concrets. Des chiffres qui pourraient présager une large progression des projets à court terme, estiment les auteurs de l’étude.

Sans surprise, les structures les plus importantes, en taille de population, sont les plus avancées : 28,6 % des collectivités de plus de 50 000 habitants et 37 % des intercos peuvent se targuer de réalisations concrètes. A l’inverse, plus de la moitié des communes de moins de 10 000 habitants n’ont pas l’intention de se lancer.

Mais, à l’instar de Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, des collectivités pratiquent déjà des démarches « smart city » : 48 % des collectivités qui n’ont pas encore de stratégie, mais comptent en adopter une, et 24 % de celles qui ne l’envisagent pas utilisent des objets connectés : eau, énergie, capteurs de pollution… Cet intérêt pour la collecte intelligente de données pourrait constituer un point de départ préalable à la démarche.

Elus porteurs

Dans huit collectivités sur dix dotées d’une stratégie smart city, ce sont les élus qui portent le projet, seuls ou avec les agents. Une collaboration indispensable pour insuffler du pragmatisme à la vision trop conceptuelle de certains élus, davantage attachés à l’image de leur collectivité. En effet, l’absence de consensus entre élus et agents peut freiner la réalisation des projets.

En moyenne, les collectivités concrétisent leur démarche sur 4,76 applications, dans différents domaines : dématérialisation des services publics (74 %), éclairage public (62 %), transports-mobilité (61 %), pilotage des bâtiments (54 %), parking-stationnement (54 %)… « Mais attention, la smart city n’est pas un empilement de projets numériques, précise Fabien Cauchi, PDG et fondateur de Metapolis (lire ci-dessous). Elle nécessite une réflexion de fond sur la façon de mener les politiques publiques à l’ère numérique. »

Une position partagée par la Caisse des dépôts, l’Association des petites villes de France et l’Assemblée des communautés de France, dans une étude publiée en septembre 2016 : « Si les petites villes et leurs établissements publics de coopération intercommunale [EPCI] déploient aujourd’hui des solutions numériques couvrant la plupart des domaines de compétences, on constate que ces dispositifs sont réalisés de façon aléatoire, au coup par coup. C’est-à-dire en fonction d’objectifs métiers particuliers, et non sur la base d’une stratégie numérique d’ensemble qui aurait identifié des priorités. »

Dans l’étude « La Gazette » -m2oCity, les collectivités engagées dans la ville intelligente semblent plus matures et ont une démarche transversale : près de la moitié a nommé un chef de projet qui pilote l’ensemble, et 80 % de leurs projets ne sont pas cloisonnés par services. Leur volonté repose sur le renforcement des liens avec les administrés (60 %) et l’attractivité du territoire (47 %), mais aussi sur le souhait d’offrir de nouveaux services (46 %). Si le développement économique n’est évoqué que par 23 % des répondants, rendre leur territoire plus attractif y contribue de fait.

Un obstacle : le coût

Quelle que soit leur taille, les collectivités citent principalement les mêmes facteurs de réussite : nouvelles technologies, écosystème d’innovations ouvert, maîtrise de la propriété des données. Si le financement n’est pas identifié comme un prérequis, il est évident que le coût n’incite pas les petites villes à bâtir des projets de smart city : 47 % des communes de moins de 50 000 habitants (dont 52 % pour les moins de 10 000 habitants) y voient un frein.

Avec l’absence de compétences internes (48 %) et le manque de volonté politique (45 %), la difficulté à réunir les ressources financières (45 %) apparaît donc comme un obstacle important. Près de la moitié des communes de moins de 50 000 habitants pointent le manque de volonté politique. Quatre collectivités sur dix craignent la complexité du sujet et 38 % déplorent des oppositions internes.

Selon vous, quels sont les principaux freins à la réussite d’une démarche smart city ?

Quant aux citoyens, ils sont globalement très favorables aux démarches de smart city : seul un sur dix y serait réticent. « Un résultat cohérent avec les constats généralement effectués par les personnes qui travaillent sur ce sujet, confirme Fabien Cauchi. Du reste, il est important de recentrer les projets sur les citoyens, afin de rendre la ville intelligente plus humaine et de la mettre au service de l’homme. »

Pour mener à bien leurs projets, les petites collectivités font appel essentiellement aux opérateurs traditionnels (80 % des moins de 10 000 habitants) et aux grands groupes industriels, alors que les collectivités de plus de 50 000 habitants et les intercos s’appuient également sur les start-up et les PME locales. Enfin, quatre grandes collectivités sur dix en sont convaincues : pour réussir une stratégie smart city, l’open data est indispensable.

Le projet smart city de votre ville est principalement porté :

Signalons toutefois que près de trois petites collectivités sur dix (28 %) déclarent ne pas avoir à traiter de données personnelles, y compris lorsqu’elles collectent des informations à l’aide de capteurs. Une méconnaissance des obligations légales de protéger les données personnelles qui montre leur immaturité en la matière.

FOCUS

Méthodologie

Enquête en ligne réalisée du 23 mars au 13 avril 2017 pour « La Gazette » et m2oCity.
Y ont participé 169 élus et 162 agents, représentant 331 collectivités : 267 communes (dont la moitié ayant moins de 10 000 habitants et 10 % ayant plus de 50 000 habitants), 54 EPCI, 7 conseils départementaux et 3 conseils régionaux.

Article paru le 12/05/2017
www.lagazettedescommunes.com

 

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