En 2010, portée par le vent des aides de l’État, l’énergie solaire photovoltaïque en France était rayonnante et les panneaux fleurissaient sur les toits.
Un gros nuage est passé en fin d’année. Désormais, l’objectif des pouvoirs publics est d’installer, annuellement, un maximum de 500 mégawatts (MW) de capacités photovoltaïques sur le territoire… tout en annonçant une baisse de 20 % du tarif de rachat de l’énergie solaire. Les professionnels du secteur s’étranglent ! Selon le Syndicat des énergies renouvelables (SER), 5000 à 6000 emplois auraient été rayés de la carte depuis le moratoire imposé par le gouvernement à la jeune filière en décembre.
Le ministère de l’Écologie semble avoir pris conscience de la gravité de la situation. C’est du moins ce qu’a indiqué, fin juillet, Franck Le Borgne, patron de la société morbihannaise One Network Energies, spécialisée dans des panneaux solaires sur pieds rotatifs. L’industriel a fait 11 jours de grève de la faim pour réclamer le raccordement de sa ferme photovoltaïque au réseau et obtenir des réponses pour la filière. Le gouvernement a annoncé une concertation avec les professionnels pour l’automne. Une lueur d’espoir ?
Une éclaircie pour le solaire thermique
Franchement, dans un contexte réglementaire fluctuant et une stratégie énergétique incertaine, difficile d’y voir clair. Selon Xerfi (institut d’études économiques public spécialisé dans les analyses sectorielles et les entreprises), « aucune décision favorable à la filière photovoltaïque ne sera prise d’ici la fin de l’année 2012 ».
Xerfi prévoit que les grands groupes de l’énergie et des équipements dédiés aux bâtiments devraient participer à la consolidation du secteur. Commercialement, il est clair que les améliorations technologiques contribuent à la réduction du coût moyen de fabrication des modules, grâce notamment à une baisse du prix du silicium. Le coût des équipements a ainsi été divisé de 40 % en deux ans.
Pour la rénovation d’une toiture par exemple, si le système photovoltaïque remplace des éléments du bâtiment et assure la fonction d’étanchéité, ou pour l’équipement d’un bâtiment basse consommation (BBC) ou à énergie positive (BEP), l’investissement reste rentable. « Le délai d’amortissement est d’environ 10 ans pour les régions les plus ensoleillées de France », estime Olivier Gautier de Sunova France, l’installateur spécialiste des toitures photovoltaïques à très faible pente.
De leur côté, les ventes d’équipements solaires thermiques retrouveront probablement le chemin de la croissance en 2012. En effet, au-delà de l’espace laissé par le photovoltaïque, plusieurs facteurs joueront favorablement comme la hausse des prix de l’énergie (en particulier du gaz), la mise en place de la réglementation thermique 2012 ou encore le « Fonds chaleur » (financement de projets de production de chaleur à partir d’énergies renouvelables).
Parions que nous ne sommes pas encore au pays du soleil couchant ! La France pointe aujourd’hui au quatrième rang européen dans le secteur du solaire photovoltaïque, derrière l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Et le sondage OpinionWay pour la société Solairedirect, publié en février, montre que 91 % des Français sont favorables à l’installation de panneaux solaires sur leur toit.
Ils attendent simplement une éclaircie : un cadre réglementaire transparent et stable.