La réglementation thermique (RT) des bâtiments englobe l’ensemble des règles applicables à la construction neuve des immeubles. Depuis 1974, cette réglementation a évolué pour devenir une réglementation environnementale, appelée RE2020. Voici toutes les informations à connaître à ce sujet.
Entrée en vigueur progressivement à partir du 1er janvier 2022, la RE2020 est présentée comme la première réglementation énergétique et environnementale concernant les constructions neuves.
Cette nouvelle norme résulte d’une phase de concertation entre les acteurs de la construction au sein de 16 groupes d’expertise thématiques.
L’idée est d’établir plusieurs critères permettant d’adapter les nouvelles constructions aux conditions climatiques à venir notamment avec l’augmentation de la fréquence des épisodes de canicule sur le territoire. Il s’agit également de réduire les effets sur l’environnement liés au secteur de la construction.
Dès l’accord de Paris signé en 2015, les États se sont engagés à :
Le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d’énergie en France : près de 43 % des consommations énergétiques lui sont imputables en 2018 (Source : Guide RE2020).
La France a donc fait évoluer sa réglementation afin de rendre les bâtiments de demain moins énergivores et plus confortables pour leurs occupants.
La RE2020 concerne l’ensemble des constructions neuves : maisons individuelles, logements collectifs, bureaux, bâtiments d’enseignement primaire et secondaire.
La RE2020 a été établie afin d’atteindre 3 objectifs : la performance énergétique, la performance environnementale et le confort d’été.
La performance énergétique se fonde sur le principe de la sobriété énergétique du bâtiment.
En ce qui concerne la performance environnementale, elle est évaluée au cours de l’ensemble du cycle de vie du bâtiment : de sa construction jusqu’à la fin de son cycle de vie. Les matériaux utilisés lors du chantier sont pris en compte pour évaluer la performance environnementale du bâtiment, tout comme ses équipements et son exploitation (chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation, etc.).
Le confort d’été était déjà pris en compte dans la précédente réglementation thermique. Toutefois, un nouvel indice a été mis en place par la RE2020 afin d’améliorer l’estimation du confort d’été dans les nouvelles constructions.
Plusieurs indicateurs sont utilisés pour évaluer le bâtiment :
Nom des indices | Objectif de l’indice |
L’indice sur les consommations moyennes en énergie primaire (Cep) | Rassemble toutes les consommations énergétiques du bâtiment (chauffage, production d’eau chaude, éclairage) |
L’indice sur la consommation des énergies non renouvelables (Cep nr) (Nouveauté RE2020) | Vise les consommations d’énergie fossiles et a pour but d’inciter les constructeurs à augmenter le recours aux énergies renouvelables |
Le coefficient du besoin bioclimatique (Bbio) | Évalue l’efficacité énergétique du bâtiment en fonction de ses besoins en chauffage, eau chaude et électricité |
L’indice Ic Énergie (nouveauté RE2020) | Calcule l’impact des consommations énergétiques du bâtiment sur le changement climatique |
L’IC construction | Analyse l’impact environnemental du chantier de construction |
L’indice degré heure (DH) (Nouvel indice) | Calcule les heures pendant lesquelles la température de confort du bâtiment a été dépassée, au cours d’une année |
La réglementation thermique de 2012 (RT2012) est la norme précédant la RE2020. Déjà, la RT2012 devait conduire à la généralisation des bâtiments basse consommation.
Les bâtiments devaient respecter un certain niveau d’efficacité énergétique (indice Bbiomax) en limitant leurs besoins en énergie (indice Cepmax). L’indice de confort d’été (Ticref) existait déjà, mais il excluait les bâtiments équipés d’une climatisation.
Dans l’ensemble, il faut retenir que la RE2020 va plus loin que la RT2012 en ce qui concerne la performance énergétique et l’impact environnemental des bâtiments.
Cela se traduit par une exigence accrue en matière d’isolation des bâtiments et de recours aux énergies renouvelables. En plus, l’ensemble du cycle de vie du bâtiment est analysé pour inciter les constructeurs à utiliser des matériaux biosourcés et à réduire les émissions de gaz à effet de serre pendant leur exploitation. La vision globale du bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie est une nouveauté de la RE2020.
La prise en compte du confort d’été est également améliorée avec le nouvel indicateur « DH ».
S’agissant de l’indicateur DH relatif au confort d’été, la RE2020 met en place 2 seuils :
Si le bâtiment est entre les 2 seuils, il ne respecte pas la réglementation et il est pénalisé avec l’application d’un forfait de refroidissement à ses consommations d’énergie.
À noter : si le bâtiment est équipé de la climatisation, l’appréciation du confort d’été est réalisée sans la climatisation.
Pour les logements collectifs, le seuil haut correspond à 1 250 DH ou plus, selon la présence d’une climatisation dans le bâtiment et la zone climatique concernée.
S’agissant de l’indice lié au besoin bioclimatique (Bbio) du bâtiment, voici les valeurs maximales à respecter selon la nature du bâtiment :
Type de bâtiment | Indice Bbio maximum |
Maisons individuelles | 63 points |
Logements collectifs | 65 points |
Bureaux | 95 points |
Enseignement primaire et secondaire | 68 points |
S’agissant de l’indicateur relatif aux consommations moyennes en énergie primaire (Cep) et à celles non renouvelables (Cep nr), voici les plafonds à ne pas dépasser selon les caractéristiques du bâtiment :
Type de bâtiment | Indice Cep maximum | Indice Cep nr maximum |
Maisons individuelles | 75 kWhep/(m².an) | 55 kWhep/(m².an) |
Logements collectifs | 85 kWhep/(m².an) | 70 kWhep/(m².an) |
Bureaux | 85 kWhep/(m².an) | 75 kWhep/(m².an) |
Enseignement primaire | 72 kWhep/(m².an) | 65kWhep/(m².an) |
Enseignement secondaire | 72 kWhep/(m².an) | 63 kWhep/(m².an) |
Concernant l’indice IC Énergie, voici les valeurs maximales à respecter :
Usage de la partie de bâtiment | Valeur de IC Énergie_maxmoyen | ||
2022 à 2024 | 2025 à 2027 | Dès 2028 | |
Maisons individuelles ou accolées | 160 kg CO2/m² | 160 kg CO2/m² | 160 kg CO2/m² |
Logements collectifs raccordés à un réseau de chaleur urbain | 560 kg CO2/m² | 320 kg CO2/m² | 260 kg CO2/m² |
Autres logements collectifs | 560 kg CO2/m² | 260 kg CO2/m² | 260 kg CO2/m² |
Bureaux raccordés à un réseau de chaleur urbain | 280 kg CO2/m² | 200 kg CO2/m² | 200 kg CO2/m² |
Bureaux | 200 kg CO2/m² | ||
Enseignement primaire ou secondaire raccordé à un réseau de chaleur urbain | 240 kg CO2/m² | 200 kg CO2/m² | 140 kg CO2/m² |
Enseignement primaire ou secondaire | 240 kg CO2/m² | 140 kg CO2/m² | 140 kg CO2/m² |
S’agissant de l’indice IC Construction, voici les valeurs à ne pas dépasser :
Usage de la partie du bâtiment | Valeur max IC Construction | |||
2022 à 2022 | 2024 à 2027 | 2028 à 2030 | Dès 2031 | |
Maisons individuelles ou accolées | 640 kg éq. CO2/m² | 530 kg éq. CO2/m² | 475 kg éq. CO2/m² | 415 kg éq. CO2/m² |
Logements collectifs | 740 kg éq. CO2/m² | 650 kg éq. CO2/m² | 580 kg éq. CO2/m² | 490 kg éq. CO2/m² |
Bureaux | 980 kg éq. CO2/m² | 810 kg éq. CO2/m² | 710 kg éq. CO2/m² | 600 kg éq. CO2/m² |
Enseignement primaire ou secondaire | 900 kg éq. CO2/m² | 770 kg éq. CO2/m² | 680 kg éq. CO2/m² | 590 kg éq. CO2/m² |
La RE2020 prend désormais en compte la totalité du cycle de vie du bâtiment pour évaluer son impact sur l’environnement.
Cette mesure vise à inciter l’emploi de matériaux biosourcés, afin de limiter l’empreinte carbone du bâtiment. Ces matériaux ont une faible empreinte carbone puisqu’ils stockent le CO2 ou n’en émettent moins que les matériaux traditionnels.
La construction des logements collectifs neufs doit désormais prendre en compte les nouvelles prescriptions de la RE2020.
Afin de réduire les besoins en énergie et respecter les seuils de performance énergétique et de confort d’été, l’accent doit être mis sur l’isolation thermique du bâtiment (murs, toiture, sol, fenêtres).
En cas de chauffage collectif, la chaudière au fioul est interdite depuis juillet 2022. Le chauffage au gaz devient également proscrit dans l’habitat collectif à partir de 2025. Pour chauffer les immeubles collectifs, le raccordement à un réseau de chaleur urbain, l’installation d’une chaudière biomasse ou d’une pompe à chaleur géothermique sont possibles.
Enfin, le recours aux énergies renouvelables est envisageable avec l’installation de panneaux photovoltaïques en toiture par exemple.
La RE2020 a fait l’objet d’une entrée en vigueur progressive :
Les habitations légères de loisirs de moins de 35 m² destinées à une utilisation saisonnière au sein d’un camping sont exonérées des dispositions de la RE2020 en vertu d’une ordonnance du Conseil d’État du 29 juin 2023.