La précarité hydrique peut se définir comme les difficultés d’accès à l’eau potable, en quantité et en qualité, ne permettant pas de satisfaire les besoins courants en eau dans le domaine de l’alimentation, de l’hygiène et de l’entretien du logement.
Cette précarité hydrique peut se manifester sous la forme d’un accès insuffisant à l’eau potable, du fait de difficultés pour régler les factures d’eau. Cela peut également se traduire par des problèmes techniques faisant obstacle à l’accès à une eau de qualité.
Si le problème de la précarité énergétique est connu du grand public, il n’en va pas de même de la précarité hydrique.
La précarité énergétique consiste à rencontrer des difficultés pour disposer de la fourniture d’énergie dans son logement, en raison des conditions d’habitat ou de ressources insuffisantes.
On la mesure généralement par la part que représente le poids de l’énergie dans le budget des ménages. Selon l’observatoire des inégalités, les ménages précaires sont ceux qui sont parmi les 30 % les plus pauvres et qui consacrent plus de 8 % de leur budget à l’énergie.
La précarité énergétique peut aller de pair avec la précarité hydrique puisqu’une habitation en mauvais état peut conduire aussi bien à la précarité énergétique qu’à une précarité hydrique.
Dans certains pays du monde et pour une certaine catégorie de population, la précarité hydrique se traduit le plus souvent par une absence d’eau potable dans les logements. En France, la problématique est différente.
Certains ménages disposant de faibles revenus peuvent éprouver des difficultés à payer leurs factures d’eau, ce qui est un obstacle majeur pour accéder à l’eau potable.
Les problèmes financiers empêchant de s’acquitter des factures d’eau conduisent à restreindre ses usages en eau.
Les difficultés financières dans le domaine de l’eau peuvent aussi s’expliquer par des factures d’eau trop élevées. Le prix de l’eau peut être en cause, mais d’autres explications peuvent être à l’origine de cette situation : une fuite d’eau non détectée qui fait augmenter la consommation ou une consommation d’eau excessive liées aux usages du foyer.
Les ménages peuvent également être confrontés à des problèmes dans leur utilisation de l’eau. Dans certaines parties du monde, l’eau qui alimente les logements peut être de mauvaise qualité et donc non potable. Les mauvais équipements du logement peuvent ainsi détériorer la qualité de l’eau.
Ces situations conduisent à mettre les ménages dans une situation de précarité hydrique.
En France, la précarité hydrique reste limitée par rapport à d’autres pays. Elle toucherait environ 3 % de la population (source : Précarités en eau).
C’est peu, mais le problème n’a pas disparu pour autant et il ne doit pas être négligé puisqu’il touche des populations vulnérables vivant dans une situation précaire.
Les difficultés financières sont la cause principale de la précarité hydrique. Outre le cas de l’incapacité à s’acquitter de sa facture d’eau, il existe aussi le cas des personnes sans domicile fixe. Leur situation complique fortement leur accès à l’eau au quotidien.
Selon l’Insee, en France, on compte plus d’un million de ménages dans des habitations de fortune, des logements sans confort ou surpeuplés dans les années 2000.
La précarité hydrique est donc un problème de sécurité sanitaire publique.
Afin de lutter contre la précarité hydrique, la réglementation a évolué afin de permettre à chacun d’accéder à l’eau potable.
En France, la loi n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques consacre un droit à l’eau potable pour tous. Puis la loi n° 2011-156 du 7 février 2011 va dans le même sens avec le rappel d’un droit à l’eau pour tous.
Dans un avis du 23 juin 2011, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) affirme que « chaque personne en France devrait avoir accès en permanence dans sa commune à au moins une source publique d’eau potable, afin de satisfaire ses besoins essentiels ».
En juillet 2023, le comité économique et social européen (CESE) a approuvé les résolutions des Nations unies qui proclament que « l’eau est un droit fondamental de la personne et qu’elle est essentielle pour que celle-ci jouisse de sa vie et de l’ensemble de ses droits ».
Par ailleurs, la qualité de l’eau potable est strictement réglementée et analysée en France. Les données sont disponibles en ligne afin de connaître la qualité de l’eau de sa commune.
Enfin, la lutte contre la précarité hydrique passe également par l’interdiction de couper l’alimentation en eau d’une habitation en raison de factures impayées.
Plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre pour éviter la précarité hydrique.
La lutte contre la précarité hydrique passe par des travaux de rénovation des logements afin de rendre les habitations confortables : nombre suffisant de points d’eau, salle d’eau, WC.
En cas de location, l’article 6 de la loi du 6 juillet 1989 impose aux propriétaires de fournir aux locataires un logement décent, incluant la fourniture d’eau chaude sanitaire en quantité et en qualité suffisante.
Afin de permettre à l’occupant de gérer au mieux sa consommation d’eau, il est indispensable d’équiper chaque logement d’un compteur d’eau individuel. C’est d’ailleurs une obligation pour l’eau chaude sanitaire dans les logements collectifs depuis 1974 (hors logements construits avant le 15 septembre 1977).
De plus, depuis le 1er janvier 2022, le syndic doit transmettre chaque mois aux copropriétaires une évaluation de sa consommation d’eau chaude. En cas de logement loué, le bailleur doit transmettre l’information au locataire.
En ce qui concerne l’eau froide, les compteurs individuels sont également obligatoires dans les immeubles collectifs depuis 2007.
Pour les ménages disposant de faibles ressources, un accompagnement social peut être nécessaire afin de faire face aux charges que représentent les factures d’eau.
En cas de difficultés de paiement, il est possible de demander un échéancier de paiement à la compagnie des eaux de sa commune. L’aide d’une assistante sociale peut s’avérer utile dans ce cas.
Comme vu précédemment, les bailleurs ont un rôle à jouer dans la lutte contre la précarité hydrique en mettant en œuvre la rénovation des logements donnés en location.
Les collectivités ont également une action à mener afin de mettre en place des points d’eau dans l’espace public et en sensibilisant la population sur la problématique de l’accès à l’eau.
Antoine Figliuzzi
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